Chez Bio Suisse: Thomas Vetsch, Producteur Bourgeon à Hattenhausen TG

02. septembre 2016



Vous êtes producteur Bourgeon depuis 2011: Qu’est-ce qui vous a motivé à vous reconvertir au bio?

Je suis passé au bio suite à un projet réalisé à l’école d’agriculture. Dans le cadre de l’examen de maîtrise nous devions calculer comment notre domaine pourrait être géré différemment. Il s’est alors révélé que la reconversion de la PI (production intégrée) au bio ne serait pas un énorme changement. Il se trouvait en outre que mon marchand de porcs cherchait des places d’engraissement pour des porcs Bourgeon. Ces deux raisons se complétaient, et je peux dire maintenant que la reconversion était une bonne décision.

Les domaines agricoles suisses cultivent en moyenne 20 hectares (ha) de terrain. Votre ferme fait presque le double avec ses 35 ha: Quels sont les défis particuliers qui se posent avec cette grandeur?

Le plus grand défi est certainement celui de la régulation des mauvaises herbes. En agriculture biologique, le désherbage ne peut être que mécanique ou manuel. Et les fenêtres de temps pour les sarclages sont parfois très courtes quand les conditions météorologiques sont difficiles. Mais le fait d’être agriculteur à plein temps me permet de réagir vite et d’intervenir dès que c’est possible.

Vous avez des porcs, des bovins et poules, et vous faites aussi des grandes cultures. Pourquoi avez-vous choisi cette combinaison et où ces secteurs se complètent-ils?

Cette combinaison s’est imposée au fil du temps. Trois ans après la reconversion au bio nous avons arrêté la production laitière pour faire de l’engraissement au pâturage. Nous faisions attention que les cultures se complètent bien dans la rotation et que la production animale puisse s’y intégrer de manière optimale. Cela est très clairement expliqué dans le film (voir le film en fin d'article. Ndlr).

Vous dites dans le film que vous pensez que la culture du soja représente un gros potentiel. Pourquoi?

Le soja va bien dans notre rotation culturale, et en plus le soja alimentaire est toujours plus demandé par les consommateurs. Si la proportion de végétariens continue d’augmenter, cela nous ouvrira des perspectives économiques intéressantes pour l’avenir.


L’agriculture biologique doit faire partie d’un écosystème diversifié. Jusqu’à quel point est-il difficile pour vous de réaliser les mesures d’encouragement de la biodiversité exigées par Bio Suisse?

Les fermes Bourgeon doivent consacrer à la biodiversité au minimum 7 pourcents de leur surface agricole utile. Cela fait beaucoup pour notre ferme de 35 ha. Nous nous trouvons en plus en dehors du corridor de mise en réseau que le canton de Thurgovie a défini pour favoriser la biodiversité. Mais on y arrive quand même. Nous avons suffisamment de coins et de recoins où il est possible d’avoir une grande diversité d’espèces et de plantes. Nous avons en outre des bandes de verdure le long de la lisière de la forêt, et nous avons aussi encore plus de 150 arbres fruitiers haute-tige.

À quoi pensez-vous que l'agriculture biologique ressemblera en 2035?

L’agriculture biologique a du succès aujourd’hui en Suisse parce qu’elle occupe une niche. Je me demande jusqu’à quel point il est judicieux d’en sortir. Je pense aussi aux aspects économiques. Les produits sont aujourd’hui très demandés et nous recevons un prix correct pour le travail supplémentaire que nous devons fournir en agriculture biologique. Est-ce que cela sera encore le cas si la proportion de producteurs Bourgeon passe à 25 pourcents ou plus, je n’en sais rien. Je suis cependant très confiant en ce qui concerne l’agriculture biologique. Notamment à cause de mes trois garçons. Je serais vraiment très heureux que l’un d’entre eux reprenne un jour le domaine et puisse continuer de le cultiver en bio.



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