Des odeurs de miel, les oreilles qui bourdonnent

12. août 2021

Le miel est comme de l’or liquide. De couleur claire à foncée, il est avant tout doux et délicieux. Mais il y a miel et miel... Celui de l’apiculteur bio Martin Hunzinger a obtenu le Bourgeon Bio Gourmet pour sa qualité exceptionnelle. Apiculteur professionnel passionné, il nous donne un aperçu de son travail. Qu’est-ce qui distingue le miel classique du miel biologique et quel type de communication entretient-il avec ses protégées? Il nous montre aussi son propre élevage de reines.

À Finsterhennen dans le canton de Berne, de nombreux travaux ont été réalisés l’année dernière. Aujourd’hui, la construction du «bâtiment miel» de la famille Hunzinger est achevée. Ici, tout tourne autour du miel: magasin de la ferme à l’avant avec des spécialités de miel, des bougies en cire d’abeille et des savons; extracteur de miel, poste de conditionnement et stockage à –20 degrés à l’arrière. «Le miel ne gèle qu’à –40 degrés», explique Martin Hunzinger, apiculteur bio, qui ajoute que le miel se conserve de manière optimale à –20 degrés. À l’extérieur, nous trouvons déjà les premières abeilles dans un joyeux bourdonnement et fredonnement.

La reine et sa colonie d’abeilles: communication et observation
Une partie de l’élevage de reines de l’exploitation est située à l’arrière du bâtiment. Élément essentiel en apiculture, elle représente toute la fierté de l’apiculteur bio. «La qualité et la productivité de la colonie d’abeilles dépend de sa reine», explique M. Hunzinger. C’est pourquoi il a lancé son propre élevage, qui assure que ses reines ont précisément la génétique dont il a besoin: «J’attache de l’importance à la douceur du caractère, car je travaille sans combinaison de protection.» Par ailleurs, la colonie ne doit pas essaimer, être productive et saine, et ne pas faire de constructions irrégulières, car il tient à avoir des rayons propres. L’observation attentive de la colonie d’abeilles est donc une condition préalable essentielle à l’apiculture et à la bonne réussite de l’élevage. Pour l’amoureux des abeilles, cette opération est aussi l’occasion de communiquer avec ses protégées travailleuses: il reconnaît les besoins de ses colonies, observe si elles vont bien ou si elles ont besoin de quelque chose. M. Hunzinger aide les abeilles à créer les meilleures conditions pour elles. «Nous prenons soin des ruches pour qu’elles puissent se développer de manière optimale», explique l’apiculteur. Car seules des abeilles en bonne santé sont également utiles à la nature en tant que pollinisateurs.

Élever ses propres reines
Une bonne reine peut pondre jusqu’à 2’000 œufs par jour en été, ce qui correspond environ à son propre poids. «C’est à peu près comme si une femme donnait naissance à 10 enfants ou plus par jour!», explique M. Hunzinger, sourire en coin. M. Hunzinger prend soin de petites ruches d’élevage. Chaque année, il y élève jusqu’à 300 reines, dont la grande partie sert à ses propres colonies d’abeilles; un quart environ est revendu. On élève des reines à partir des meilleures colonies puis, un jour avant l’éclosion, on les transfère dans de petites ruches d’élevage avant la reproduction en station de fécondation. Ainsi, seuls les meilleurs gènes sont sélectionnés aussi du côté mâle.

Exploitation apicole bio Hunzinger
Depuis 2017, les Hunzinger pratiquent l’apiculture selon les critères du Bourgeon Bio. Leur devise est la suivante: «L’apiculture en harmonie avec la nature», avec pour objectif une apiculture sans traitement, soit sans acides ni chimie pour lutter contre le varroa. Les Hunzinger produisent différentes variétés de miel: miel de fleurs léger et crémeux, miel doré d’acacia, de châtaignier et d’été, miel de forêt foncé et épicé ainsi que des spécialités telles que le miel en rayon. Pour le miel de fleurs de montagne, ils emmènent leurs abeilles jusqu’à 2’000 mètres d’altitude dans la Gruyère et l’Oberland bernois; pour le miel d’acacia et de châtaignier, dans le Tessin.

Les abeilles, une espèce fascinante
Pour produire un kilogramme de miel, l’abeille fournit elle aussi un effort considérable: au cours de ses vols, elle parcourt environ deux fois le tour de la Terre. Martin Hunzinger est fasciné par les abeilles depuis 40 ans. Pendant 20 ans, il a pratiqué l’apiculture comme un loisir, puis comme une activité accessoire, avant de devenir apiculteur professionnel à 100 % il y a neuf ans. Une activité rare en Suisse: pour vivre entièrement du miel, il faut être bon et produire beaucoup. Les Hunzinger proposent donc une grande variété de miels et se rendent jusqu’au Tessin avec leurs ruches. «Là-bas, nous avons les meilleures conditions pour obtenir du miel de châtaignier et d’acacia», commente l’apiculteur. La technologie l’assiste dans son travail: à chaque emplacement, il y a une ruche posée sur une balance, qui mesure le poids, les précipitations et la température, et génère un rapport quotidien. Grâce aux dernières données, M. Hunzinger voit ce qui se passe et si la colonie se porte toujours bien. Il peut aussi faire appel à un inspecteur de ruchers qui vient sur place, ce qui lui évite de faire trop d’allers-retours.

Martin Hunzinger détient environ 200 colonies commerciales. Comme au premier jour, il est fasciné par ses petites protégées travailleuses. «J’ai maintenant 10 millions d’abeilles, qui sont des collaboratrices très assidues, pour ainsi dire!» dit-il en riant. Soit plus que le nombre d’habitants en Suisse!

Disparition des insectes et des abeilles
La pollinisation assurée par les abeilles est notre moyen de subsistance. La disparition des abeilles et des insectes et la perte de biodiversité sont des sujets qui préoccupent M. Hunzinger. En 1949 déjà, Einstein avait prévenu: «Si l’abeille disparaît sur Terre, l’Homme n’a plus que quatre ans à vivre. Sans abeilles, il n’y a plus de pollinisation, plus de plantes, plus d’animaux et plus d’êtres humains.» M. Hunzinger considère ses abeilles comme un élément essentiel de l’écosystème.

Qu’est-ce que le «miel biologique»?
«Pour être exact, il faudrait parler de ruches gérées de manière biologique», car les apiculteurs bio ont un cahier des charges plus strict, explique M. Hunzinger: par exemple, les ruches doivent être construites en bois et non, comme souvent, en plastique. Les abeilles ne peuvent être traitées qu’avec des acides naturels contre le varroa, le plus grand ravageur des ruches, et le rayon de vol des abeilles doit se trouver à au moins 50 % sur des zones non traitées et non pulvérisées. En effet, le survol de zones de nature sans pesticides est le meilleur moyen d’éviter des résidus dans le miel. «Cet aspect est vérifié par des contrôles. Pour le miel de forêt ou de montagne, notamment, cela est plus facile», précise M. Hunzinger, qui choisit soigneusement chaque emplacement pour ses ruches.

La lune de miel, la meilleure saison de miel jamais eue
Il y a 26 ans, après le mariage de Martin et Kornelia, les Hunzinger ont vécu une expérience très particulière avec le miel. «J’étais encore à l’armée quand j’ai installé les ruches juste avant notre lune de miel. À notre retour, il y avait plus de miel que jamais: 2’300 kg et, à l’époque, il n’y avait que 25 ruches». Le voyage de noces a littéralement été une lune de miel, comme on dit. De plus, le miel a porté bonheur à la famille: les Hunzinger sont maintenant une grande famille avec quatre filles et un fils, qui prêtent main-forte à l’exploitation apicole quand ils le peuvent. Boas, le fils, souhaite reprendre l’entreprise familiale et acquiert des compétences dans le domaine des abeilles et de l’apiculture. Il apprend aux côtés d’un véritable expert et d’un vrai amoureux des abeilles!

Texte: Maya Frommelt
Vidéo: Luc Kämpfen

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