Assurance qualité: Emballages en papier problématiques

17. juillet 2019


Il y a deux ans, l’Association des chimistes cantonaux de Suisse a analysé les emballages de denrées alimentaires suisses à base de papier et de carton. Les examens portaient sur des gobelets à café, des cartons à pizza, des sacs en papier pour farine et céréales, des cornets à pain et des emballages pour les produits à l’emporter. Les résultats des analyses ont interpellé. Certains emballages présentaient des résidus parfois élevés d’encres inadaptées aux emballages, des composés chlorés et des huiles minérales. Des composants qui comportent un risque de migration dans les denrées alimentaires qu’ils sont censés protéger. Selon Pius Kölbener, le chimiste cantonal responsable des analyses de l’époque, la situation ne s’est pas améliorée depuis. Il explique les points critiques à Bio Suisse et fait plusieurs fois référence à l’autocontrôle dicté par la législation.


Monsieur Kölbener, en repensant aux analyses faites en 2017, qu’elles étaient en résumé les principaux résultats?

Sur les 78 emballages analysés, onze, soit 14 pourcents, ont été contestés en raison de dépassements des valeurs maximales de substances chimiques comme les chloropropanols et des composants d’encres d’impression. 42 échantillons, c’est-à-dire 62 pourcents, contenaient des résidus d’huile minérale. Dans 15 de ces échantillons, les taux étaient si élevés que nous avons aussi dû les contester. D’autres contestations ont été faites pour la moitié des échantillons pour cause d’auto-contrôles insuffisants. Ce que ces auto-contrôles doivent comprendre est décrit à l’article 75, lettre b de l’Ordonnance sur les denrées alimentaires et les objets usuels. Il faut, entre autres, vérifier l’adéquation de l’emballage et analyser des échantillons.

Pour les matières plastiques, il existe des prescriptions détaillées concernant la déclaration de conformité. Ce n’est pas le cas pour le papier. Comment puis-je savoir si les emballages pour aliments que j’utilise sont conformes à la législation suisse?

Les emballages en matière plastique et les emballages en matières alternatives sont en partie utilisés de manière analogue. C’est pourquoi les points importants pour une emballage synthétique sont aussi importants pour un emballage papier et les mêmes informations – par exemple structure en couches, composants utilisés et usage – doivent être transmises le long de la chaîne de distribution.

Pouvez-vous développer ce point?

Selon l’article 49, les emballages de denrées alimentaires ne doivent transmettre des substances aux denrées alimentaires que dans des quantités qui ne nuisent pas à la santé, qui sont techniquement inévitables et qui n’impactent pas sur le goût de l’aliment. Si aucune valeur maximale n’est définie par la loi, il faut se référer à des normes techniques pour évaluer ces exigences générales, comme par exemples les recommandations du «Deutsches Institut für Risikobewertung». La recommandation XXXVI de cet institut représente actuellement l’état de la technique pour la fabrication d’emballages en papier. Elle ne couvre toutefois pas tous les aspects. Elle ne tient par exemple pas compte de la problématique des substances ajoutées involontairement – en abrégé NIAS pour «non-intentionally added substances».


Prenons l’exemple concrets des encres d’emballages. Qu’en est-il de leur potentiel de migration?

Les fabricants d’encres d’impression sont conscients de la problématique de la migration potentielle des composants d’encres. L’important est d’utiliser des encres adaptées à l’emploi prévu et de recourir si nécessaire à des couches barrières dans l’emballage. Dans le cadre de la vérification de la déclaration de conformité ou d’innocuité des matériaux d’emballage, c’est finalement la personne responsable qui doit vérifier si le produit est adapté à l’usage prévu. Un producteur de denrées alimentaires ne peut souvent pas le faire lui-même. Il doit toutefois s’assurer auprès du fournisseur d’emballages que ce dernier a contrôlé l’adéquation du matériel d’emballage.

Que pouvez-vous dire concernant les huiles minérales?

Il est important de prendre conscience des diverses voies de contamination des denrées alimentaires par des résidus d’huile minérale. Le papier recyclé contient de nombreuses substances inconnues qui ne sont pas vérifiées au niveau toxicologique, ce qui signifie que l’on ne connaît par leur toxicité. Si on ne peut pas garantir que ces substances ne peuvent pas migrer dans l’aliment, en utilisant par exemple une couche barrière adaptée ou en raison des caractéristiques de la denrée alimentaires emballées, comme les œufs, le papier de recyclage ne peut pas être utilisé pour emballer des denrées alimentaires. Un fabricant de denrées alimentaires doit tout d’abord s’assurer que le matériel d’emballage ne comporte pas d’huiles minérales. S’il en contient, le fabricant doit vérifier si l’emballage est adapté pour la denrée alimentaire.

Cette vérification est parfois compliquée. La majorité des objets usuels viennent de l’étranger et l’indication du fabricant et du pays de provenance n’est pas obligatoire. La traçabilité, telle qu’exigée pour les denrées alimentaires, manque.

Est-ce qu’une certification des fabricants d’emballage selon le «BRC Global Standard for Packaging and Packaging Materials» pourrait être utile?
La traçabilité doit aussi être garantie pour les emballages de denrées alimentaires. Toutefois aucune indication concernant le lot n’est exigée pour la désignation des emballages. Une certification est certainement judicieuse, car elle permet de normaliser et de documenter les processus. Elle ne garantit toutefois pas que tous les aspects de la législation alimentaire soient couverts ou que les processus utilisés remplissent les exigences en matière de qualité.


Avez-vous depuis lors effectué d’autres analyses d’emballages en papier? Si oui, est-ce que les mauvais résultats de 2017 perdurent?

D’autres analyses ont été réalisées ces deux dernières années et aucune amélioration nette n’a pu être constatée jusqu’à présent. Nous restons donc attentifs.

Comment Bio Suisse pourrait-elle soutenir ses producteurs et surtout ses petits preneurs de licences au niveau de l’obligation de l’auto-contrôle?

Elle pourrait proposer des documents d’aide à ses producteurs, par exemple des check-lists, et rédiger des recommandations concernant les analyses chimiques et les laboratoires d’examen. De cette manière Bio Suisse pourrait transmettre des connaissances d’experts ou les rendre accessibles par le biais d’un spécialiste.

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