«Ce n’est pas la plus grande fleur qui me fascine. C’est plutôt la petite plante locale»

25. mars 2024

Avec les premiers rayons printaniers, c’est reparti: la saison du jardinage et des balcons est ouverte! Alors c’est le bon moment pour miser sur les plantes bio. Entretien avec Konrad Hilpert, horticulteur de plantes bio et de plantes sauvages, à propos de la culture du jardin et des mesures écologiquement judicieuses même pour les petites surfaces.

Un espace de vie varié apporte une valeur ajoutée

Dans l’entreprise horticole spécialisée en plantes sauvages Eulenhof, à Möhlin (AG), ça bourdonne, ça frelonne et ça coasse. La partie arrière dispose d’une zone aquatique où les grenouilles sautent dans l’étang. On y retrouve des plantes paludéennes et aquatiques, et l’entreprise horticole bio est entourée d’arbres fruitiers haute-tige. «Tous ces éléments font partie de l’expérience globale du jardin naturel», explique l’horticulteur bio Koni Hilpert. «C’est bien de pouvoir créer des espaces de vie variés.» La zone aquatique offre non seulement des endroits où les petits animaux peuvent boire ainsi qu’un petit paradis pour les grenouilles. Les compositions de plantes aquatiques sont également possibles avec un simple baquet, que les oiseaux et les hérissons utiliseront comme point d’eau. «Dans un jardin varié, il se passe toujours quelque chose, le biotope est riche. Dans une monoculture stérile, où sont potentiellement utilisés des pesticides chimiques de synthèse, il n’y a pas de place pour la biodiversité.» L’horticulteur bio souligne que la culture du jardin fait généralement référence au jardin au sens propre, «mais c’est toujours le jardin naturel varié qui offre une expérience».

Conseil de l’horticulteur bio Koni Hilpert pour faire sa propre terre

«Plutôt que de mettre les déchets de taille aux déchets verts, il vaut la peine d’avoir son propre compost dans le jardin. Il est également possible de laisser tout simplement de la matière organique aux bons endroits. En petits morceaux, elle fera office de couche de mulching et aidera à prévenir le dessèchement du sol. Décomposée par de petits assistants comme les vers et d’autres organismes, elle se transformera en un incroyable sol vivant né d’un cycle naturel, et donc particulièrement précieux.»

La richesse des plantes locales et sauvages

En misant sur des plantes locales telles que les plantes sauvages locales pluriannuelles et les jolis buissons fleuris, on crée un espace dynamique pour les abeilles et les insectes. Il ne s’agit pas de tout changer du jour au lendemain, on peut également faire des compromis. On peut créer une zone pour soi et une autre pour les insectes. C’est possible grâce aux plantes sauvages locales. «C’est passionnant de voir qu’en misant davantage sur les plantes locales issues de l’agriculture biologique, les papillons reviennent tout à coup dans le jardin.» Un jardin naturel varié repose sur une approche globale. Pour cela, nul besoin de beaucoup de place: «Cela vaut également pour les petits espaces, par exemple avec les herbes sauvages et les plantes médicinales sur le balcon.»

Les avantages d’un sol de jardin bio en un coup d’œil

Besoin de terre pour votre jardinage? Vous vous êtes alors sûrement demandé quelle terre est adaptée et pourquoi la terre bio est meilleure.

  • La terre bio ne contient pas d’engrais chimiques de synthèse
  • La terre bio est plus durable car elle contient des composants organiques naturels comme le compost, le mulching d’écorce ou les succédanés de tourbe
  • La terre bio contient plus de microorganismes utiles qui favorisent une biologie saine des sols
  • La terre bio renforce les racines des plantes de façon naturelle, ce qui les rend plus robustes

Redonner de la place à la nature

«Je constate bien souvent que les fleurs les plus belles et les plus grandes sont très demandées. Personnellement, je trouve plus passionnantes les plantes qui sont peut-être plus discrètes mais qui sont locales et jouent leur rôle dans l’écosystème, telle que la Scrofulaire noueuse locale», explique le passionné de jardin. Elle a une valeur écologique, de nombreux insectes et petits êtres vivants l’adorent. «C’est en redonnant aux plantes locales et aux plantes sauvages une place dans nos jardins et en laissant un peu d’espace à la nature que naît la diversité.»

Les jardins empierrés ou les pelouses monotones coupées ras ne laissent quasiment aucune place aux insectes, aux abeilles et aux autres êtres vivants. «Je souhaiterais que l’accent soit plus mis sur la diversité locale, également dans les zones habitées et dans les espaces publics», déclare Koni Hilpert.

Suivre les saisons et vivre la biodiverstié

Pas besoin de partir à l’étranger pour faire l’expérience d’une nature passionnante. «Ici aussi, nous pouvons découvrir la nature plus consciemment» explique Koni Hilpert, qui sait que le jardinage sensibilise à la thématique. Et le jardinage renforce également la perception de la saisonnalité. «Mais même une simple promenade peut nous faire développer cette sensibilité et éduquer les sens: où trouve-t-on des espaces de vie intéressants avec plus de biodiversité?» C’est pour cela que la forêt nous appelle souvent, ou une prairie colorée, ou encore le lit animé d’une rivière.

Portrait

Konrad Hilpert dirige depuis 15 ans l’entreprise horticole Eulenhof, à Möhlin (AG), spécialisée dans les plantes bio et les plantes sauvages. On y retrouve plus de 350 plantes sauvages et de nombreuses herbes aromatiques, médicinales, ornementales, des buissons fleuris et des variétés Pro Specie Rara rares. Les plantes paludéennes et aquatiques sont également de la partie, pour un total d’environ 2’000 espèces. Et parce que toutes les plantes sont cultivées et reproduites sans serres chauffées, elles sont plus robustes, résistantes à l’hiver et parfaitement adaptées aux conditions climatiques locales.

Rédaction: Mayya Frommelt,
Images: Konrad Hilpert, Eulenhof Et Maya Frommelt

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