Le paysan Bourgeon Niklaus Hari: «Une micro-installation de biogaz fait beaucoup pour le climat»

07. septembre 2017


Niklaus Hari a construit sa première micro-installation de biogaz il y plus de 30 ans. Ce paysan Bourgeon produit ainsi de l’électricité et de la chaleur tout en empêchant les émissions de méthane dans l’atmosphère. Et, cerise sur le gâteau: le lisier méthanisé sent moins mauvais.


Monsieur Hari, le Souverain suisse a nettement approuvé en mai dernier la Stratégie énergétique 2050. Quelle a été votre réaction?

Cela m’a beaucoup réjoui! On a eu longtemps contre la maison une affiche qui disait «Stratégie énergétique OUI». Je suis quand même un oiseau rare dans cette vallée qui a voté à un tiers pour et deux tiers contre, mais cette décision est incroyablement importante non seulement pour l’énergie mais aussi pour le climat.

Vous suivez depuis longtemps la voie des énergies renouvelables: Comment en êtes-vous venu à construire votre propre installation de biogaz?

Je suis intimement convaincu qu’on doit être conscient des menaces qui pèsent sur le climat. Un collègue m’a amené à cette idée en 1986 et nous avons construit ensemble dans ma ferme une première installation de biogaz qui me permettait de chauffer la maison d’habitation. La première «vraie» installation a été réalisée en 1993 quand nous avons reconstruit l’étable, et la dernière date de 2014.


Comment votre entourage a-t-il régi à cette construction?

Beaucoup de gens voulaient me dissuader de ce projet. Le petit format ne fonctionne soi-disant pas… alors qu’avec 20 bovins je peux m’occuper de l’installation tout seul sans problème. Sa puissance est de 16 kilowatt. Pour les grandes installations on transporte du fumier à travers toute la Suisse – c’est inutile. En ayant sa propre installation qui fonctionne avec ses propres engrais de ferme, on referme les cycles des éléments et on profite de la chaleur et de l’électricité qu’on produit.

Avec quelles matières nourrissez-vous votre installation de biogaz?

Il y a le fumier de nos bêtes, quelques déchets du ménage et du marc de café produit par une fabrique de café instantané.


Où voyez-vous pour d’autres domaines agricoles l’intérêt et le potentiel d’investir dans la construction d’une installation de biogaz?

La coopérative Ökostrom Schweiz, l'association des exploitants d’installations de biogaz agricole en Suisse, a calculé que seuls 5 % de l’ensemble des engrais de ferme produits en Suisse sont méthanisés. Il serait théoriquement possible d’arrêter la centrale nucléaire de Gösgen si on méthanisait tous les engrais de ferme pour les transformer en électricité. Ces installations empêchent en outre les émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre.

Comment le souci du climat et l’agriculture biologique sont-ils reliés?

Très fortement! En comparaison mondiale, l’agriculture biologique est plus respectueuse du climat et des sols que la production conventionnelle.







Où situez-vous la responsabilité des consommateurs?

Les consommateurs détiennent un pouvoir incroyable mais ils en usent encore beaucoup trop peu. Par exemple, s’ils arrêtent d’acheter des fruits hors saison les magasins cesseront d’en proposer et cette production régressera. Je pense qu’il y a un énorme potentiel d’explication – beaucoup ne savent pas ou plus ce que «de saison» signifie vraiment.
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