Oeufs bio: «Nous essayons de nous rapprocher des conditions naturelles»

07. mars 2017



Peter Lüscher a une ferme Bourgeon avec 2‘000 poules pondeuses. La garde des poules est particulièrement respectueuse de l’espèce et elles passent beaucoup de temps en plein air. Elles peuvent se mouvoir librement dans un parc aux dimensions larges, disposent de suffisamment de places ombragées et d’un bain de sable pour le soin du plumage. Outre l’infrastructure, les aliments destinés aux poules bios jouent également un rôle très important. Dans ce cadre, la Suisse est dépendante des importations. Apprenez dans l’interview quels ingrédients entrent dans la composition de l’aliment mixte pour les poules de Peter Lüscher, d’où il l’importe et pourquoi le soja est meilleur que sa réputation.

Les œufs bio occupent actuellement une part de marché de 25 pourcent en Suisse. Peter Lüscher exploite un domaine bio de 22 hectares à Holzigen AG et il est le président du groupe spécialisé Œufs de Bio Suisse.

Depuis quand êtes-vous agriculteur bio?

Nous travaillons notre ferme dans le Suhrental argovien en bio depuis 1998.


Combien de poules pondeuses avez-vous?

J’ai 2‘000 poules pondeuses.

Peut-on garder 2‘000 poules conformément à leurs besoins dans un seul troupeau?

Une garde qui corresponde aux conditions de la nature est impossible pour la plupart des animaux de rente. La poule est un animal des espaces buissonneux et des forêts. Mais nous essayons de nous rapprocher au mieux des conditions naturelles. Les agriculteurs bio Bourgeon laissent aller leurs poules au pâturage, offrent des surfaces ombragées et des refuges, les gardent en comparaison aux exploitations conventionnelles dans des unités avicoles spacieuses avec un air à climat extérieur protégé et des bains de sable et leur proposent des graines au sol. Les poules peuvent ainsi vivre conformément à leur comportement naturel.


Qu’est-ce qui vous plait le plus à l’élevage de poules bio?

Il constitue une part de la base existentielle de notre famille. Le Cahier des charges de Bio Suisse exclue la possibilité d’une production animale de masse. C’est pourquoi il n’existe pas d’usines d’animaux bio et les œufs sont produits dans beaucoup de différentes fermes bio. Nos poules, nos vaches mères et nos grandes cultures nous permettent non seulement de fermer les cycles d’éléments nutritifs dans notre ferme mais aussi, à notre famille, de vivre de notre travail.


Et qu’est-ce qui vous stresse le plus?

La dynamique de groupe du troupeau de poules. Si une vache provoque des problèmes dans un troupeau de 25 bêtes, vous pouvez la sortir du groupe et la tenir séparément. Si certaines bêtes occasionnent des problèmes chez les poules, comme de picorer leurs congénères, il est difficile de les sortir du troupeau et de les garder séparément.


Que mangent vos poules bio?

Un aliment mixte d’un moulin Bourgeon. Il est principalement composé de blé, de maïs, de soja, de tournesol et de calcium pour la coque des œufs. En été, elles mangent de l’herbe fraîche au pâturage et en hiver de l’herbe d’ensilage.


D’où provient votre aliment pour poules?

En Suisse, nous ne produisons que 35 pourcent des aliments pour poules bio. Les céréales proviennent presque à 60 pourcent de Suisse, mais le soja est quasiment entièrement importé. Les aliments proviennent en grande partie d’Autriche, d’Allemagne, de Hongrie, de Roumanie et d’Ukraine et ils sont produits selon le Cahier des charges strict de Bio Suisse comme en Suisse.


Pourquoi une partie des aliments provient-elle de l’étranger?

Le taux d’autoapprovisionnement de la Suisse n’est que de 55 pourcent. Nous devons importer le reste sous forme de denrées alimentaires ou d’aliments fourragers.


Pourquoi donnez-vous du soja?

D’une part, le soja est idéal pour les poules du point de vue nutritionnel et d’autre part, il est bien meilleur que sa réputation ne le laisse entendre. Le soja Bourgeon a de nombreux avantages: il n’est avec certitude pas cultivé sur des surfaces défrichées après 1994. Les entreprises agricoles sont entièrement exploitées biologiquement. Le soja fait partie d’une rotation judicieuse, c’est-à-dire que les cultures de soja échangent chaque année leur place sur les parcelles avec d’autres cultures, ce qui a un effet positif sur la santé des plantes. Et contrairement aux autres plantes fourragères comme le maïs et le tournesol, le soja fixe naturellement l’azote de l’air dans le sol. D’un point de vue agronomique, le soja est une plante très précieuse.


En tant qu’agriculteur, quelle est en principe votre position par rapport aux importations de denrées alimentaires?

Comme je l’ai déjà dit, la Suisse doit importer des denrées alimentaires et des aliments fourragers. Ce qui est important, c’est de savoir de quels pays et entreprises et avec quelles normes nous voulons importer. Bio Suisse souhaite établir des relations commerciales durables basées sur une fiabilité mutuelle. Jusqu’en 2019, nous n’utiliserons plus que des aliments fourragers provenant d’Europe. C’est la bonne voie.


Quelle est la différence entre du fourrage bio et du fourrage conventionnel

Les aliments fourragers bio Bourgeon sont produits de façon particulièrement durable et sont donc meilleurs pour l’environnement. Ils proviennent de fermes à 100 pourcent bio qui n’utilisent ni engrais chimiques de synthèse ni pesticides.


Visionnez le film sur la ferme de poules pondeuses d’Etienne Clerc, paysan en Suisse romande sur Cinéma Bourgeon:

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