Les huiles bio suisses sont très appréciées Colza, tournesol et Cie: gros plan sur les huiles alimentaires

11. août 2021

L’huile a été longtemps un ingrédient pour ainsi dire invisible dans les plats suisses. Elle était là, mais souvent sans saveur propre. Avec le boom de l’huile d’olive à la fin du siècle dernier, il a soudain été question de goût, de nuances, de qualité; une nouvelle conscience de l’huile a vu le jour. Heureusement, l’offre en huiles locales s’est complètement transformée. Pourquoi? Parce qu’aujourd’hui, la Suisse aussi produit des huiles d’excellente qualité. Et, depuis quelques années, il existe même des huiles de cuisson et de friture pressées à froid locales, obtenues à partir de colza ou de tournesol.

Pourquoi l’huile d’olive est-elle devenue si populaire?
Elle évoque le Sud, les vacances, la mer. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles, chez nous aussi, l’huile d’olive est très convoitée. Le goût aussi a été déterminant, bien entendu, et les ventes d’huiles d’olive ont augmenté de pair avec la popularité de la cuisine italienne. Et la santé joue également un rôle important. Pourquoi? L’huile d’olive est riche en acides gras insaturés et a été activement recommandée par les experts en nutrition. Sur ce point, les huiles suisses ont failli disparaître de la discussion, ou plutôt ont été reléguées au second plan. 

Les huiles pressées à froid et les huiles alimentaires suisses chez les connaisseurs
Grâce à de grands changements dans l’agriculture suisse et chez certains transformateurs, l’offre suisse en huiles s’est complètement transformée aux cours de ces dernières années: grâce aux huiles pressées à froid, aux différentes sortes, à la qualité bio et aux très petits transformateurs, les huiles locales sont aujourd’hui sorties de l’anonymat. Dans la cuisine de tous les jours, on voit avant tout l’huile de tournesol et l’huile de colza, avant elles étaient raffinées, aujourd’hui elles sont souvent pressées à froid. «Les deux huiles sont utilisées par exemple pour les vinaigrettes et d’autres plats froids», dit Doris Friedli de Biofarm. Elle raconte aussi que, pendant la période du coronavirus, les ventes des huiles locales ont fortement augmenté. Au fait, les huiles suisses aussi, l’huile de colza par exemple, ont, lorsqu’elles sont pressées à froid, une teneur élevée en acides gras insaturés. Doris Friedli, spécialiste du secteur, explique: «Les huiles pressées à froid sont pressées mécaniquement, filtrées ou sédimentées, puis mises en bouteilles. Cette méthode permet d’en préserver le goût, l’odeur, la couleur et les qualités nutritionnelles.»

Quelle huile pour quel plat?
Lorsque les huiles sont pressées à froid, elles ont naturellement un goût propre beaucoup plus prononcé que lorsqu’elles sont raffinées. Souvent les huiles sont aussi une question d’habitude. Christine Brugger, analyste sensorielle, explique qu’en général, en matière de nourriture, on a tendance à ne pas aimer tout de suite les choses qu’on ne connaît pas. Mais en les goûtant plusieurs fois, on peut s’y habituer et même les apprécier. «Chez les spécialistes, on parle de repeated exposure», dit l’experte. «Actuellement, on part du principe qu’il faut goûter une chose environ huit fois pour que cet effet ait lieu.» C’est certainement aussi le cas pour les huiles lorsqu’on les incorpore dans les vinaigrettes.

Il est difficile de dire de manière générale quelle huile convient pour quel plat, puisque les préférences et les habitudes personnelles jouent également un rôle important. Toutefois, dit l’analyste sensorielle, les huiles peuvent compléter les plats présentant une palette aromatique similaire. En d’autres mots: une huile de colza (le colza fait partie de la famille du chou) est parfaite pour assaisonner une salade de chou, par exemple. Et une huile de noisette peut être utilisée pour un gâteau à la place du beurre.

Existe-t-il aussi de l’huile de friture suisse?
Peu de personnes le savent, mais il existe à présent aussi une huile de cuisson locale pressée à froid d’excellente qualité. Si avant, on utilisait souvent de l’huile d’arachide pour saisir à feu vif ou frire les aliments, on peut aujourd’hui recourir aux huiles de tournesol ou de colza – à condition, toutefois, qu’elles aient été produites à partir de variétés spécialement cultivées à cet effet. Pour les tournesols on parle de HO, pour le colza de HOLL. HO est l’abréviation de high oleic, ce qui signifie que la teneur en acide oléique, un acide gras insaturé, est élevée. Les deux LL supplémentaires pour le colza sont l’abréviation de low linoleic. Ces variétés de colza ont été cultivées de sorte que la teneur en acide linoléique soit basse. Cela, parce qu’à haute température, l’acide linoléique se transforme en acide gras trans. Ce dernier est considéré comme cancérigène et doit absolument être évité.

Cela fait déjà quelques années que Biofarm propose de l’huile de tournesol HO; l’entreprise ne propose l’huile de colza HOLL que depuis l’an dernier et s’est vite trouvée en rupture de stocks. «Cette année, le nombre d’agriculteurs participants a augmenté et les quantités seront plus importantes», explique Hans-Georg Kessler, responsable du département agriculture chez Biofarm. Il sait aussi qu’en matière de semences pour les huiles bio, les choses bougent. Pourquoi? Jusqu’à présent, les variétés disponibles sont la plupart du temps des variétés hybrides que les agriculteurs ne peuvent pas reproduire eux-mêmes. Mais la société Sativa élabore actuellement de nouvelles cultures reproductibles, afin d’augmenter l’offre en semences bio issues de la production locale.

Huiles de dégustation et huiles «santé»: courge, cameline, chanvre

La diversité des huiles alimentaires locales de qualité bio est sans cesse croissante: l’huile de noyau d’abricot, l’huile de pavot ou l’huile d’onagre ne sont que quelques-unes des huiles que l’on peut trouver aujourd’hui. Souvent, elles sont vendues dans de petits flacons et on les utilise par exemple pour assaisonner ou compléter un plat. D’excellente qualité et d’une grande fraîcheur, les huiles d’aujourd’hui conviennent aussi parfaitement pour les plats sucrés. La glace à la vanille agrémentée d’un filet d’huile de courge, par exemple, est presque un classique. Cela fait un certain temps déjà que l’huile de courge est appréciée comme huile de dégustation. Si, autrefois, on l’importait surtout d’Autriche, aujourd’hui il y a aussi des agriculteurs suisses qui cultivent la courge à huile.

Huile de chanvre
Huile de chanvre a aussi fait couler beaucoup d’encre. Le chanvre est à nouveau cultivé en Suisse, même si les variétés autorisées sont celles dont la substance hallucinogène, le THC, a été supprimée par la culture. L’huile est extraite des graines par pression. Certaines personnes ne jurent que par son effet bénéfique sur la santé (un rapport oméga 3/oméga 6 équilibré) et consomment tous les matins une cuillère à soupe d’huile de chanvre au petit déjeuner.

Huile de cameline
L’huile de cameline a aussi fait parler d’elle ces dernières années. La cameline est une ancienne graine oléagineuse que l’on recommence à cultiver. Cette huile est surtout connue en Suisse romande; en Suisse alémanique, on la connait moins, nous dit Doris Friedli, experte en huiles chez Biofarm. «Elle a une teneur élevée en acide gras oméga 3 et son arôme évoque les légumes, les herbes et les petits pois.»

Conseil de pro pour l’utilisation et la conservation d’huiles alimentaires
Les personnes qui désirent simplement goûter différentes huiles doivent tenir compte du fait qu’elles ne se conservent pas indéfiniment, surtout lorsqu’elles ne sont pas raffinées. Les huiles spéciales que l’on consomme par petites quantités se conservent plus longtemps au réfrigérateur. «En raison de son point de fusion relativement bas, l’huile de lin peut même être conservée au congélateur. Cela permet d’en conserver la fraîcheur pendant plusieurs semaines», dit Doris Friedli. En règle générale: pour qu’une huile garde sa saveur le plus longtemps possible, il est recommandé de la stocker à l’abri de la lumière.

Faut-il avoir plus qu'une huile?

Rédaction: Esther Kern, Food Scout. Images: Depositphoto et unsplash

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