Bruno Martin, vigneron bio: «Les cépages résistants sont un progrès important»

08. juin 2017

Bruno Martin est vigneron bio depuis 26 ans au bord du Lac de Bienne. Il raconte ce qui a changé positivement dans les sols et les vignes avec la culture bio, mais aussi pourquoi il préfère un assemblage de Seyval Blanc et de Johanniter à un bon Chardonnay.



En tant que vigneron, quel est votre vin préféré?

Dans les rouges j’aime le Regent, et parmi les blancs c’est le Seyval Blanc qui est parmi mes favoris. Tous les deux sont des cépages résistants, c.-à-d. des sélections qui sont résistantes aux maladies fongiques.


Certains consommateurs demeurent sceptiques à l’égard des cépages résistants. Pourquoi en faites-vous vos vins préférés?

Ils sont gustativement intéressants. Quand on élève un Seyval Blanc et un Johanniter en assemblage, on peut assurément obtenir un vin du même niveau qu’un Chardonnay. Il va de soi que j’aime aussi les cépages résistants à cause de ma relation émotionnelle avec leur culture et leur vinification.



Quelle est la proportion de cépages résistants sur votre domaine?

Les cépages résistants représentent plus de la moitié de la surface. Nous en avons planté 4500 ceps ces deux dernières années car ils me permettent d’utiliser moins de produits phytosanitaires, ce qui est profitable aussi bien à l’environnement qu’à l’homme. Les cépages résistants représentent donc un progrès important.


Qu’est-ce que votre domaine a de particulier?

Je suis en bio depuis 26 ans, et même avant je cultivais de manière très naturelle. Nous avons ainsi opté pour l’enherbement permanent dix ans avant la reconversion bio.




Qu’est-ce qui a changé depuis lors dans vos vignes?

Une vigne a besoin de huit à douze ans pour être réellement reconvertie au bio.


Cette affirmation mérite une explication…

Eh bien voilà, avec les engrais chimiques la vigne se nourrit directement dans la couche superficielle du sol. Quand on y renonce, les êtres vivants du sol et les plantes doivent commencer par élargir et développer l’horizon racinaire. Il faut plusieurs années pour qu’une vigne s’enracine plus profondément à la recherche d’éléments nutritifs et pour que la matière organique et les êtres vivants du sol s’implantent en profondeur. Ce n’est qu’après cette période que la reconversion est terminée et que la vigne reçoit un approvisionnement constant en éléments nutritifs.


Et qu’est-ce que les vins Bio Bourgeon ont de particulier?

Conformément au Cahier des charges de Bio Suisse, mon domaine est entièrement en bio et je consacre sept pourcents de ma surface à l’encouragement de la biodiversité. Pour y arriver, j’ai par exemple planté des arbres dans mes vignes.


Et qu’est-ce que cela a eu comme répercussions?

Ces structures permettent aux petits animaux comme le torcol fourmilier par exemple de se sentir bien sur nos terres. Cet oiseau ne peut en effet se reproduire que s’il ne doit pas franchir plus de 50 mètres pour se déplacer d’un arbre ou d’une haie à l’autre.

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