Parrainer la production maraîchère directement de son mobile.

09. mai 2017


Stefan Brunner, jeune agriculteur de 31 ans du Seeland bernois est renommé chez les producteurs Bourgeon pour ses idées innovantes: il a par exemple inventé la Ferrari à désherber, un véhicule sur trois roues qui permet de désherber les champs bio en étant couché et en ménageant le dos. Les équipes de travail à façon de Stefan Brunner se déplacent maintenant dans toute la Suisse. Il a dernièrement développé l’appli «Bionär» – un mélange entre vente directe, agriculture de découverte, ludification et fil d’actualité. L’objectif est de connecter les acheteurs privés directement avec sa ferme.


Comment vous est venu l’idée de l’appli «Bionär»?

J’ai eu cette idée en automne 2015. Nous réfléchissions alors aux possibilités d’améliorer la vente directe de nos produits. Nous voulions d’une part rapprocher l’agriculture de l’acheteur privé tout en utilisant si possible les technologies actuelles. La réponse était finalement évidente et nous nous sommes lancés dans le développement de l’appli. L’accès direct à l’agriculture est enfin possible par internet et smartphone.


Cela devrait aussi parler à un public plus jeune.

Exactement. La génération Y a grandi avec le numérique. Si tu n’es pas numérique en tant qu’entrepreneur, tu n’existes pas. S’ils te trouvent et que tu proposes quelque chose de passionnant, ils te rendront aussi volontiers visite de manière analogique. Étant donné que j’aime moi-même me mouvoir dans le monde numérique, cela m’amuse d’introduire l’agriculture «analogique» dans ce monde.


Qui souhaitez-vous atteindre avec l’appli?

Je souhaite atteindre deux groupes. Le premier est celui des familles jeunes et smarts. Elles veulent de plus en plus savoir d’où proviennent les légumes et comment ils sont produits. Si nous le leur montrons, elles viendront volontiers nous rencontrer à la ferme. Le deuxième groupe est celui des cuisiniers, ceux qui ne cherchent pas les légumes habituels; ils sont au contraire ouverts aux choses particulières et ils les trouvent chez moi.


Par exemple?

Mini-légumes, racine de coriandre, tubercules de pain de coucou, bois de cassis et bien d’autres choses. Je cultive toutes les nouveautés à l’essai dans le jardin d’exposition juste derrière la maison. Il y a dans les 300 cultures du monde entier et de nombreuses variétés ProSpezieRara.


Et comment fonctionne l’appli?

J’impose en grande partie les conditions à la famille Ducommun ou Dupond. Je décide où, quand et sur quelle surface je plante quel légume. Cette année, il s’agira principalement de légumes de garde. Je vends ensuite la récolte au mètre carré à un prix fixe, livraison et stockage non compris. Monsieur Ducommun ou Madame Dupond choisissent sur l’appli combien de mètres carrés ils veulent avoir des légumes choisis. Par le biais de messages push, de photos hebdomadaires et d’autres infos, les «Bionär» peuvent suivre le développement de leur carotte et leur céleri. Les personnes motivées peuvent volontiers participer au désherbage et à la récolte.


Et chez les cuisiniers?

Chez les cuisiniers, mes idées rencontrent déjà un amour réciproque. La collaboration pourra aussi se faire beaucoup plus librement. Un cuisinier me dit quels légumes il souhaite avoir. Il décide également quand il voudrait que je les récolte et si je dois les lui livrer de «la feuille à la racine» ou de manière habituelle. Tout est possible. Les cuisiniers peuvent, de surcroît, raconter l’histoire cachée des légumes à leurs clients: ces derniers peuvent suivre à table, sur une tablette, comment «leurs» légumes, qu’ils vont manger, ont été cultivés. Cela crée des émotions et un lien avec l’agriculture biologique.


Où voyez-vous les avantages de ce fermage au mètre carré?

Les avantages sont partagés: pour ma part, je peux mieux prendre soin de mes cultures et en même temps minimiser les risques. Le client reçoit les légumes qu’il souhaite à un prix qui, en cas de récolte normale, n’est pas supérieur à celui des grands distributeurs. De plus, il peut suivre le développement de ses légumes en directe. Nous parvenons ainsi à amener la ville à la campagne. Bien que le déclencheur soit virtuel, je suis persuadé que beaucoup d’entre eux passeront à la ferme pour voir leurs légumes sur place.



Qu’entendez-vous exactement par «minimiser les risques»?

Le client assume dorénavant le risque. Il réserve en début de saison la récolte de telle et telle quantité de mètres carrés à un prix fixé au préalable. Nous veillons avec un engagement sans faille, à obtenir à la fin une récolte aussi grande que possible. Mais je ne peux pas le garantir, car il y a la météo, les ravageurs et d’autres facteurs qui entrent en jeu. C’est l’agriculture à l’état pur.


Comment votre idée doit-elle évoluer?

Nous commençons cette année avec un demi hectare, soit 5'000 mètres carrés. Selon la demande, nous en rajouterons au fur et à mesure. Nous pensons aussi installer des webcams pour que le client puisse être à tout moment en direct sur son champ. Nous ajouterons petit à petit d’autres gadgets smarts.


Une collaboration avec d’autres producteurs Bourgeon est-elle envisageable?

Absolument. Nous voulons propager l’idée en Suisse et ajouter petit à petit d’autres producteurs Bourgeon. Les clients pourront ainsi choisir entre différentes fermes. Mais nous devons auparavant éliminer toutes les maladies d’enfance de l’appli. Nous avançons pas à pas.


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