De l’air et de la lumière pour les cochons

10. février 2021

Des vaches, des moutons, des poules et des chèvres. Les enfants ne sont pas les seuls à se réjouir de voir des animaux dans les pâturages. Il est cependant rare de rencontrer des cochons à l’air libre. L’élevage porcin s’effectue en effet le plus souvent derrière des portes closes, mais pas dans la ferme bio Mönchmatten des Husy à Unterentfelden, Argovie.


Accompagnés du clapotis du ruisseau, nous laissons le centre du village derrière nous. Nous longeons la Suhre à partir d’Unterentfelden et arrivons directement à la ferme Mönchmatten. De loin, tout semble calme jusqu’à ce le paysage s’anime soudainement. Un agneau pointe sa tête en bêlant. Et tout à coup, des cochons sortent de la zone avoisinante. L’un d’entre eux se roule dans la boue. Un autre s’approche de nous quand nous nous arrêtons de bouger. Il est suivi de congénères qui nous regardent avec curiosité. Ils sont gros ces cochons, les plus lourds pesant jusqu’à 115 kg.

Vive les cochons!
Contrairement à tous les préjugés, le cochon est un animal extrêmement intelligent et propre. Il est en outre curieux, adore s’amuser et se retrouver en groupe. Dans leur exploitation bio, Walter et Brigitte Husy tiennent à élever leurs animaux en respectant des conditions d’élevage conformes aux besoins de l’espèce, peu importe qu’il s’agisse de cochon, de mouton ou de cheval. Leur objectif était cependant avant tout de promouvoir le bien-être des porcs reproducteurs et des porcs à l’engraissement. «Les cochons ont des besoins. Ils aiment fouiller et retourner le sol, se rouler dans la boue et se rafraîchir aussi en été.» Des dispositifs ludiques avec des grains de maïs et un accès aux pâturages leur permettent de rester occupés. Lorsque les cochons sont élevés dans une porcherie, ils ne peuvent pas se comporter selon les besoins de l’espèce. Dans ce contexte, l’expression «Sale comme un cochon» ne correspond pas du tout à la réalité. Plus de respect pour le cochon. Ce sujet important en agriculture doit devenir de plus en plus présent dans l’esprit des consommateurs.

Respect pour le cochon
Les cochons sont de précieux animaux. La pression des prix est malheureusement énorme. En Suisse, le porc est la viande la plus consommée, la part du bio représentant à peine 2 %. Le consommateur assume à ce niveau une très grande responsabilité, car c’est lui qui pilote la demande. Attention avec de la viande de porc bon marché, provenant surtout de l’étranger, l’élevage ne s’inscrit pas dans le sens du bien-être animal. Conseils: demandez à votre boucher de confiance de la viande de porc bio ou recherchez le label Bourgeon. De nombreuses fermes bio proposent aussi de la vente directe. Vous pouvez faire des commandes de porc et d’agneau auprès de la famille Husy en écrivant à hof.notexisting@nodomain.commoenchmatten@bluewin.notexisting@nodomain.comch et venir les retirer.

Plus de bien-être animal, de meilleures conditions
«Je voulais que les gens voient nos cochons dehors et les découvrent à l’état naturel lorsqu’ils viennent se promener par ici.» Qu’en est-il du rendement de cet élevage? Un élevage porcin avec parcours en plein air, accès aux pâturages et un espace fouille entraîne-t-il uniquement une surcharge de travail et des coûts supplémentaires?


Un espace fouille et bien-être pour les porcs à l’engraissement
«C’est super que les cochons puissent suivre leur instinct et grogner en se baignant dans le bassin en été», raconte l’agriculteur bio de 39 ans. À l’été 2020, il a mis en place un espace fouille et bien-être avec accès aux pâturages ainsi qu’un bassin pour ses cochons. «Oui, j’ai un peu plus de travail. Le bassin doit être nettoyé, l’eau est renouvelée deux fois par semaine.» Remarque-t-il un changement de comportement chez ses cochons? «Le nouvel espace a un effet positif sur leur comportement social.» Walter Husy raconte: «Le nouvel espace a coûté un certain prix. J’ai beaucoup bricolé et fabriqué moi-même, mais rien qu’une clôture double sans électricité avec des treillis à nœuds et des poteaux en bois coûte environ 17’000 francs.» Cette clôture est indispensable pour protéger les animaux des maladies transmissibles par les sangliers. En été, les agriculteurs déploient aussi un filet d’ombrage car les cochons ne disposent pas de glandes sudoripares et peuvent attraper des coups de soleil. L’espace extérieur doit donc être bien planifié et ombragé.
Qu’en est-il du financement? Le projet des Husy «Espace fouille et bien-être pour les porcs à l’engraissement» a été généreusement soutenu par la fondation Haldimann d’Aarau. Et la famille continue dans cette voie. Autre projet: l’agrandissement vers l’arrière du pâturage des truies en gestation dans un avenir proche. Texte: Maya Frommelt, Images: Pascal Debrunner via Unsplash et Maya Frommelt

Informations supplémentaires sur l’élevage porcin
Tous les porcs, même bio, ne vivent pas comme dans ce portrait. En effet, l’ordonnance sur la protection des animaux ne prescrit pas de sorties à l’extérieur. Par chance, des paysans innovants et engagés offrent de meilleurs standards à leurs animaux. Le Cahier des Charges de Bio Suisse prévoit que les truies taries, les porcelets d’élevage, les porcs à l’engraissement, les remontes et les verrats aient toujours accès à l’air libre. Un pâturage est recommandé pour les truies taries. En l’absence de pâturage, une zone à fouir est obligatoire.

Entretien sur le sujet
A-t-on le droit d’utiliser les animaux? Entretien avec le Dr Florian Leiber, chef du Département des sciences animales du FiBL

La ferme Mönchmatten
Certifiée Bio Suisse et KAGfreiland: Walter et Brigitte Husy exploitent depuis 2017 la ferme Mönchmatten, où ils produisent de la façon la plus naturelle et durable possible. Les porcs à l’engraissement passent toute leur vie dans l’exploitation de naissance. Les verrats Rudi, Heino et les autres ainsi que le sperme de verrat acheté contribuent à assurer la descendance de l’espèce. 40 truies, 260 porcs à l’engraissement, 50 brebis et leurs agneaux ainsi que 6 chevaux appartiennent à la ferme. Tous les animaux ont un parcours accessible en permanence.
L’exploitation s’étend sur une superficie de 33 hectares, 20 hectares étant dédiés aux cultures arables: du blé, de l’épeautre, du maïs grains, des betteraves à sucre et du soja sont cultivés pour le fourrage des animaux. Le sol est travaillé sans charrue, à l’aide du Geohobel, dans l’esprit de l’agriculture régénératrice. Les autres surfaces sont des prairies permanentes et des surfaces consacrées à la biodiversité, auxquelles s’ajoutent 85 arbres à haute tige.

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