Les herbes aromatiques bio, des produits exigeants et très demandés

03. octobre 2022

Comment donner plus de goût à tous les plats, même sans sel? De préférence avec des herbes aromatiques bio. Depuis longtemps, chefs et gourmets mettent à profit la diversité des herbes aromatiques. Mäder Kräuter approvisionne quotidiennement le commerce de détail en herbes aromatiques bio fraîches et nous livre un aperçu de son travail.

La transformation des herbes fraîches est particulièrement exigeante, car il faut aller vite: le délai entre la récolte et la mise en rayon du produit emballé est très court. Chaque jour, une nouvelle récolte est effectuée à la main, et des espaces de lavage et de refroidissement ainsi qu’un poste de conditionnement doivent être disponibles sur place. La traçabilité de chaque lot, aussi petit soit-il, doit pouvoir être garantie. Il faut également compter avec le fait que les attentes des clients sont extrêmement élevées, ils ne tolèrent aucune tache brune, surtout sur les herbes fraîches.

Saines, délicates et 100 % digestes

Mais l’aspect visuel parfait n’est pas le seul critère décisif: les herbes aromatiques bio sont souvent utilisées dans des infusions ou d’autres produits bons pour la santé. Les contrôles portant sur les résidus sont donc très stricts et la présence d’autres herbes n’est pas tolérée. Pour les agriculteurs bio, cela représente beaucoup de travail, car en agriculture biologique, le recours aux pesticides chimiques de synthèse pour éliminer les mauvaises herbes est interdit.

Mäder Kräuter SA

Cela fait 42 ans qu’Ueli Mäder exerce dans le domaine des herbes aromatiques bio. Ueli a commencé comme maraîcher de formation «avec rien en poche d’autre qu’une forte volonté». Aujourd’hui, il est responsable de l’exploitation d’herbes aromatiques bio située à Boppelsen (ZH), laquelle totalise 20 variétés d’herbes disponibles en permanence. Il gère également un second site au Tessin, afin de prolonger la saison des herbes aromatiques fraîches et d’éviter les importations par avion. En hiver, les herbes aromatiques sont importées (mais pas bio) afin de pouvoir approvisionner le commerce de détail en herbes fraîches tout au long de l’année.

Une production énergétiquement efficace et respectueuse de l’environnement

La production d’herbes aromatique fraîches mobilise beaucoup de ressources: elle nécessite en effet beaucoup d’eau et d’énergie pour refroidir les herbes après la récolte. Ueli Mäder souhaitait appliquer des mesures écologiques sans être tributaire des directives en matière d’irrigation. Et il a eu le courage d’investir: «Nous disposons désormais de nos propres réservoirs d’eau équipé de filtres et l’installation photovoltaïque nous permet de produire notre propre électricité.» En été, les rejets de chaleur des moteurs de refroidissement permettent de chauffer l’eau chaude sanitaire pendant trois mois sans apport d’énergie supplémentaire. Le reste de l’année, l’agriculteur bio prévoyant peut utiliser son chauffage à copeaux de bois. Le bois utilisé provient des environs directs de la ferme.

Monsieur Mäder, quels sont les défis que vous devez relever au quotidien?

Tous les producteurs d'herbes aromatiques consacrent énormément de temps à la question de la gestion de l’eau et de l’énergie. Les défis à relever sont nombreux, c’est pourquoi nous avons pris des mesures durables et avons investi. Je tiens à produire de manière raisonnée et écologique. Il y aura toujours des incertitudes sur les ventes, c’est selon moi le plus grand défi. Le commerce de détail peut se procurer sa marchandise où il veut. Cela créé un climat d’incertitude, et quand on investit beaucoup, c’est encore plus difficile. J’espère garder une longueur d’avance, notamment grâce à nos mesures écologiques

Qu’est-ce que les consommateurs/-trices doivent absolument savoir sur les herbes aromatiques bio?

Que l’on parle du thym, du romarin, du basilic, de l’aneth ou de la menthe, une herbe aromatique bio fraîche est bien plus que de la simple «verdure», et la diversité est énorme. Il serait bien que tout le monde en prenne davantage conscience, non seulement lorsqu’on les consomme, mais aussi lorsqu’on les utilise dans la préparation de plats, d’assaisonnements épicés ou salés. Les herbes aromatiques bio développent en effet un arôme délicat et je suis convaincu de leurs vertus curatives, elles sont saines et aident à se sentir bien. En plus, elles sont indispensables lorsque l’on veut limiter sa consommation de sel.

En tant que premier producteur suisse d’herbes aromatiques bio, vous avez accumulé une riche expérience. Quel conseil pourriez-vous donner aux autres?

On n’a jamais fini d’apprendre et aujourd'hui encore, je croie que «créer de ses mains ne peut pas faire de mal». Je suis moi-même allé vendre sur les marchés, j’ai du flair pour le marché et j’aime négocier. Je m’intéresse aux technologies et donc j’attache beaucoup d’importance à produire de manière durable avec ma propre électricité et mon propre réservoir d’eau. J’en suis heureux aujourd’hui. Mais tout est dans l’apprentissage par l’action – «learning by doing». L’optimisation et l’adaptation se font toujours pas à pas. Je ne connais pas l’immobilisme. Cela vaut la peine de prendre le changement à bras-le-corps et de voir les choses en grand. Sinon, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui.

Rédaction: Maya Frommelt, Images: Maya Frommelt et Ueli Mäder

Partager