«L’élevage respectueux des animaux exige une bonne gestion sanitaire»

03. avril 2017





Le paysan Bourgeon Matthias Schär de Brittnau AG mise sur la vente directe. Son élevage de Moutons de l’Engadine, qui respecte leurs besoins spécifiques, lui tient beaucoup à cœur.



Depuis quand êtes-vous paysan bio?

Ma ferme bio est un domaine Bourgeon depuis 1999.


Combien de moutons bio avez-vous et de quelle race sont-ils?

J’ai une petite trentaine de Moutons de l’Engadine. Il y en a vingt autres qui leur ressemblent mais qui ne sont pas pure race. Le troupeau compte aussi deux brebis laitières et huit Moutons Shropshire, ces derniers étant très utiles pour l’entretien du paysage parce qu’ils ne mangent que de l’herbe et pas l’écorce des arbres.


Qu’est-ce qui fait partie d’un élevage respectueux des besoins des animaux?

Élevage respectueux des animaux signifie pour moi des soins réguliers des onglons et une bonne gestion sanitaire des parasitoses. Je fais analyser trois fois par année des échantillons de fèces pour voir s’ils contiennent des œufs de parasites parce que je veux traiter seulement si c’est nécessaire. Pour maintenir une pression parasitaire assez basse, les moutons ne pâturent jamais plus de sept jours sur la même parcelle.


Pourquoi avez-vous choisi les Moutons de l’Engadine?

Parce qu’ils sont robustes, fertiles et mettent bas le plus souvent sans notre aide. Contrairement aux races typiques d’engraissement, ils n’agnellent pas de manière saisonnière mais tout au long de l’année, ce qui est un avantage surtout pour la vente directe et permet de compenser leur moins bon état d’engraissement.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’élevage bio des moutons?

Je ne conçois tout simplement rien d’autre. «Bio» est toute la philosophie de notre ferme. Nous essayons p. ex. toujours d’abord l’homéopathie quand on doit traiter une bête malade.


Et quels sont les éventuels inconvénients?

Imaginons que nous livrions au commerce, nous aurions des problèmes avec l’écoulement de nos agneaux. C’est aussi pour ça que nous faisons uniquement de la vente directe.


Qu’est-ce que mangent vos Moutons de l’Engadine?

En été seulement l’herbe des pâturages. En hiver, leur ration se compose de trois quarts de foin et d’un quart de silo d’herbe. Tout vient de notre ferme et je ne donne jamais de concentrés. Les moutons étaient jusqu’à maintenant toute l’année à Brittnau, mais à partir de cet été ils iront à l’alpage chez Andermatt à Hospental. Pour moi cela fait partie de l’élevage respectueux puisque la mise à l’alpage favorise la santé des bêtes.


Comment est-ce que vous vendez votre viande d’agneau bio?

Premièrement par des abonnements où les clients s’engagent à acheter un agneau par année pendant trois ans. Le paiement des trois agneaux se fait déjà lors de la commande du premier. Cela me donne une sécurité financière. L’autre créneau est la vente au magasin de la ferme. Nos moyens publicitaires sont une newsletter, un panneau au bord de la route et des annonces sur notre site internet et sur facebook.


C’est bientôt Pâques. Est-ce qu’on peut aussi vous commander de l’agneau pascal?

Nous tuons pour l’occasion deux ou trois bêtes dont nous vendons la viande au magasin de la ferme.


Et où faites-vous tuer vos bêtes?

À la boucherie certifiée Bourgeon de Rudolf Minder à Busswil bei Melchnau BE.


Quelles autres spécialités trouve-t-on dans votre magasin fermier?

L’asperge verte est une particularité de notre ferme. Cette année nous voulons intensifier la culture maraîchère et écouler la marchandise en vente directe et par des petits commerces. Notre abonnement «Légumes» contient seulement ce qui pousse chez nous. Nous n’achetons rien à l’extérieur. J’ai par ailleurs été le premier à planter un verger bio de noisetiers en Suisse. Nos noisettes dragéifiées se vendent très bien dans notre magasin. Nous y vendons aussi des framboises, mais en plus petites quantités.


Pourquoi vous êtes-vous décidé pour une production aussi diversifiée?

Nous n’avons que 13 hectares de surface agricole, donc je veux atteindre la plus grande création de valeur ajoutée possible. Et ça fait plaisir de produire soi-même des légumes, parce que j’aime les efforts corporels du travail maraîcher. Les moutons étant mes animaux préférés, ça explique que le travail que je leur consacre me procure autant de plaisir.


Et comment faites-vous pour abattre autant de travail?

Nous avons encore une pension pour chevaux et 2000 poules pondeuses dont nous aimerions bien pouvoir vendre la viande. Tout cela exige un très gros travail de coordination. Mais nous sommes une entreprise familiale, et à quatre ou cinq on fait déjà beaucoup de travail et jusqu’à maintenant tout cela marche bien. Au début mars nous avons cherché et trouvé du soutien dans l’engagement d’un réfugié reconnu, c.-à-d. avec permis B, qui est employé à 100 % chez nous au moins jusqu’à la fin de l’automne. Pour la saison des asperges, là pas de miracle, on a besoin de l’appoint de femmes payées à l’heure.

En savoir plus sur le site de la ferme bio Bourgeon de Matthias Schär (en allemand): http://www.biohof-schaer.ch/

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