Duo gagnant

25. juin 2021

Bertrand Favre est l’un des vignerons bio historiques du vignoble de Genève. Régulièrement primé dans les concours nationaux, ce professionnel consciencieux ramène pour la première fois en terres genevoises le titre de «Vigneron Suisse Bio» qui couronne le domaine obtenant la meilleure moyenne entre le vin rouge le mieux classé et le vin blanc, non liquoreux, affichant le meilleur pointage.

Un couple de vignerons, des domaines différents

Bertrand Favre n’est pas un inconnu. En 2012, il remporte le Prix Bio du Grand Prix du Vin Suisse avec son Gamaret 2011. Il réédite l’exploit six ans plus tard, avec son Chasselas Non-Filtré 2017. Cette année-là est particulièrement fastueuse pour le Domaine de Miolan, qui monte aussi sur la troisième marche du podium dans la catégorie «Gamaret, Garanoir et Mara purs». Et comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, Bertrand a vu sa femme monter sur remporter la médaille d’or du concours national pour aller chercher pour le compte du Domaine de la Vigne Blanche le trophée récompensant le meilleur pointage de la catégorie «Gamay». Un couple de vignerons mariés depuis une quinzaine d’années, mais travaillant des domaines différents: la situation se révèle suffisamment insolite pour avoir piqué notre curiosité. Lorsque nous les avions rencontrés en 2019 pour le cahier spécial consacré à Genève, Bertrand Favre nous avouait son amour pour les plus traditionnelles des cépages genevois. Il expliquait alors que « le regain d’intérêt pour le Gamay et le Chasselas constitue un juste retour des choses. Il me semble que le manque de maîtrise oenologique est l’une des raisons pour lesquelles ces classiques ont périclités. Si les vignerons du siècle passé avaient eu les connaissances et les moyens technologiques d’aujourd’hui, Chasselas et Gamay n’auraient jamais perdu le statut de rois du vignoble.»

Une famille, cinq trophées

Les classiques du vignoble genevois demeurent les favoris de Bertrand Favre et Sarah Meylan? En 2019, cette dernière expliquait que: «La parcelle de la Vigne Blanche, qui a donné son nom au domaine, est orientée plein sud. Elle bénéficie d’une magnifique exposition. Le Gamay s’y plaît, quelle que soit la qualité du millésime. En 2018, année de sécheresse, les cépages modernes tels que le Gamaret ont beaucoup souffert. En revanche, les variétés traditionnelles telles que le Chasselas et le Gamay, qui ont eu plusieurs siècles pour s’adapter aux spécificités du climat et du terroir genevois, ont beaucoup mieux résisté.» Si maîtriser ses classiques constitue une priorité pour le couple, il ne faudrait surtout pas en déduire que le duo ne se sent pas à l’aise avec les spécialités.

En effet, Bertrand Favre, tout comme Sarah Meylan, repartent avec deux trophées chacun (en plus
de celui de Vigneron Bio Suisse 2021). Madame place deux de ses assemblages – le Merlot-Garanoir 2019 Réserve de la Commune de Cologny et l’Esprit de Genève 2019 du Domaine de
la Vigne Blanche – sur le podium de la catégorie «Assemblages rouges». Monsieur s’impose lui dans les monocépages. Son Muscat sec Les Défis 2020 dame le pion à tout le monde dans la catégorie «Blancs traditionnels». Quant à son Malbec, il termine deuxième des «Rouges traditionnels ». À ces quatre médailles d’or, ajoutez encore trois médailles d’argent pour L’Intégral, le Chasselas non filtré 2020 du Domaine de Miolan, L’Etoile de Miolan 2019 (un effervescent à base de Gewürztraminer) et la Cuvée Albertine 2020, un Garanoir du Domaine de la Vigne Blanche. Encore une fois, le couple pourra fêter en famille les récompenses décernées à des vins qu’ils travaillent chacun de leur côté.

Une consécration et une confirmation

Sur son site Internet, Bertrand Favre explique que «l’accent est mis sur la qualité. Des productions réduites et un mode d’exploitation à la vigne, comme à la cave, le plus naturel et doux possible. Ainsi, après quelques années de production intégrée, le domaine est reconverti à la culture biologique et suit les cycles de la nature et de la lune, qui visent à obtenir des plantes saines en évitant d’épuiser les sols par une exploitation trop intensive.» Cette exigence de qualité, tout comme les atouts intrinsèques d’une exploitation familiale exploitée par la même lignée depuis le milieu du 14e siècle ont permis à Bertrand Favre d’effectuer un superbe tir groupé dans une compétition au niveau toujours plus relevé.

Publié dans VINUM Texte: Alexandre Truffer, photo: Régis Colombo, Unsplash

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