Le Grand Prix Bio Suisse 2017 a été attribué en Suisse centrale: Interview avec Andi Lieberherr, directeur de RegioFair

06. décembre 2017



Bio Suisse décerne chaque année son «Grand Prix Bio Suisse» à des personnes ou des institutions qui s’engagent en Suisse pour l’agriculture biologique ou la transformation bio. Le lauréat de cette année est RegioFair Agrovision Zentralschweiz AG. Son directeur Andi Lieberherr répond à nos questions sur la signification de ce prix ainsi que sur les marges et la force d’innovation des paysannes et paysans de Suisse centrale.



Andi Lieberherr, que signifie ce prix pour vous?

Ce prix me réjouit énormément. Quand je repense à comment tout a commencé en 2009 et que nous avons maintenant été distingués par le Grand Prix Bio Suisse – tout simplement incroyable. À l’époque les fermes bio des cantons de Suisse centrale se sont regroupées et ont développé une plateforme régionale de commercialisation et de prestations pour améliorer la commercialisation de leurs produits. L’ensemble de la filière de création de valeur reste ainsi en Suisse centrale – des matières premières à la logistique en passant par la transformation. Je pense que c’est cette approche novatrice qui a convaincu le jury.

Le jury a dit que RegioFair est «comme un phare qui rayonne loin au-delà de sa région.» Que dites-vous de cela?

Si le jury trouve que le phare symbolise le fait de poursuivre sa propre voie avec une volonté inébranlable, alors je ne peux qu’approuver. Mais en fait nous avons simplement réalisé ce que nous avions sous la main: Nous produisons, transformons et commercialisons nos produits nous-même. Et nous entretenons des contacts très étroits avec nos clientes et clients.

Vous développez sans cesse de nouveaux produits. Quel pourcentage de votre chiffre d’affaires consacrez-vous au développement?

Mon souhait a toujours été de faire le meilleur sandwich du monde – et bien sûr en qualité Bourgeon. Pour y arriver, les frais de développement ont été de trois à quatre pourcents au début, et ils tournent aujourd’hui autour d’un pourcent. Mais ce pourcent nous mène d’année en année toujours plus loin. Celui qui ne se développe pas reste sur place et soumis au marché. Seule l’innovation nous permet de nous démarquer dans le commerce spécialisé – et cela implique bien sûr de faire des produits qu’on ne trouve pas à chaque coin de rue.

Avec quels partenaires collaborez-vous?

RegioFair suit deux voies: L’une est la collaboration classique avec l’Institut de recherche de l'agriculture biologique (FiBL) ou la Haute École Spécialisée de Suisse occidentale, et l’autre est un groupe de personnes entre cinquante et huitante ans auxquelles je peux m’adresser. Ces personnes savent encore toutes comment les produits étaient fabriqués sans arômes ni conservateurs. C’est la voie que le commerce spécialisé doit suivre. C’est la seule possibilité d’atteindre les gens et de leur montrer que nos produits ne sont pas n’importe quoi mais de vrais aliments. Car manger doit faire plaisir – et nos produits doivent nous permettre de transmettre ce message.

Environ cinquante pourcents du prix de vente de vos produits reviennent aux productrices et aux producteurs.

C’est le prix de vente final qui est déterminant, et il y a ici une règle générale: la valeur du produit départ producteur fois deux. Les magasins bio doivent être situés dans des endroits attractifs dans les villes et avoir une marge d’au moins 35 pourcents pour pouvoir survivre. Le commerce biologique spécialisé doit veiller à pratiquer une politique de prix avec laquelle tout le monde est gagnant – les paysans, les transformateurs et les magasins.

Regardons en avant: Pouvez-vous esquisser comment RegioFair et Agrovision vont continuer de se développer ces prochaines années?

Il est pour moi très important que les familles paysannes qui nous fournissent aient du plaisir à collaborer avec nous. L’objectif de RegioFair est une agriculture durable et une paysannerie en bonne santé. Et nous continuerons de maintenir ce cap. Pour offrir une perspective à nos paysannes et paysans Bourgeon nous devons réaliser des quantités – ce qui signifie développer et vendre.

Vous êtes actuellement en pleine croissance. Pourrez-vous continuer de satisfaire à la prétention de «régional» ou devrez-vous, suite à l’augmentation de la demande, étendre la notion de «régional» au-delà de la Suisse centrale?

Nous avons en Suisse centrale un nombre incroyable de producteurs novateurs qui vont continuer de garantir pendant des années la réalité du mot «Regio» dans le nom de notre entreprise. Quand je cherche de nouveaux produits il y a toujours assez de paysannes et de paysans qui m’approvisionnent avec les matières premières nécessaires. Quant à la transformation, on a toujours pu assumer jusqu’à maintenant (rit).

Qu’allez-vous faire des 10'000 francs de ce prix?

Développer un nouveau produit.

Vous avez certainement encore un souhait à adresser aux consommatrices et aux consommateurs…

Les matières premières et les produits Bourgeon auxquels on donne suffisamment de temps pour mûrir sont toujours avantageux – c.-à-d. qu’ils valent leur prix. Les denrées alimentaires nutritives et sans additifs ne sont pas seulement saines, elles se démarquent aussi nettement du point de vue du goût. Ce que je souhaite, c’est que les consommatrices et les consommateurs cherchent encore davantage – et trouvent chez nous.


Interview: Lukas Inderfurth, Bio Suisse

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